PARIS (Reuters) - L'avocat Pierre-François Divier entend porter plainte pour discrimination, à titre personnel, après la publication mercredi par Le Canard Enchaîné d'informations sur l'existence d'automobilistes verbalisés mais dispensés d'amende.
Selon l'hebdomadaire, les excès de vitesse de 7.000 agents de l'Etat, y compris de la présidence de la République et de Matignon, diplomates et hauts fonctionnaires internationaux constatés par radar entre novembre 2003 et novembre 2004 n'ont pas été suivis de contraventions.
"Je trouve cette situation tout à fait anormale. On apprend que la 'France d'en haut' a des privilèges sur la route", a déclaré Me Divier à Reuters.
"Pour l'Elysée, Matignon, la police, la gendarmerie, on remarque un régime spécial. C'est choquant pour la démocratie", a-t-il ajouté.
En conséquence, l'avocat entend porter plainte auprès du procureur de la République de Paris pour "discrimination" (article 225-1 du code pénal) favorisant des technocrates et hommes politiques.
Pierre-François Divier, qui a publié "Le permis à points et vous" aux éditions Pascal, est l'auteur d'une quinzaine de livres sur la défense des consommateurs, des contribuables et des citoyens.
Il a également mené la procédure engagée par un militant écologiste, Pierre-Alain Brossault, dans l'affaire des faux électeurs du IIIe arrondissement de Paris.
A la suite des révélations du Canard Enchaîné, Rémy Heitz, délégué interministériel à la sécurité routière, a déclaré que cette situation n'avait "plus cours aujourd'hui".
"Dès l'origine, le système des radars automatiques prévoyait une verbalisation du propriétaire du véhicule et non du conducteur", a déclaré pour sa part le ministère de l'Intérieur.
"Pour les automobilistes du service de l'Etat, lorsqu'il y a un flash, on identifie le véhicule et on examine le motif du déplacement. S'il y a lieu, des procédures disciplinaires peuvent être engagées contre les conducteurs qui ont mis en cause la sécurité routière", a précisé la place Beauvau.